Dans le monde, il y a deux types de personnes.
Il y a ceux qui adorent la St-Valentin, les cœurs rose bonbon, les soirées dégoulinantes de chocolat et de sexe surfait, les roses rouges importées d’Afrique du Sud, la lingerie fine, les menus chinois all-in à 15 euros et les « Que je t’aime »… du moins aujourd’hui, demain, on verra bien.
Puis il y a ceux qui la maudissent. Aimer ? C’est pour les nazes. Déjà, moi je n’aime personne, même pas mon chat, et surtout pas les fleurs, j’y suis allergique. De toute manière, ce n’est qu’un produit commercial de plus, un prétexte pour dépenser les derniers centimes de son allocation de chômage, du prêt-à-porter pour superficiels, de la discrimination odieuse assumée par l’entièreté d’une société hostile aux célibataires.
J’avoue avoir longtemps oscillé entre ces deux catégories, pour finalement en avoir été bannie par manque de fidélité.
Quelques recherches m’ont appris que cette fête trouverait son origine dans les traditions de la Rome antique. À l’époque, on fêtait la fécondité en sacrifiant des boucs, et en organisant des compétitions au cours desquelles de jeunes étalons humains écumant de désir libéré, poursuivaient des donzelles surexcitées pour les flageller à l’aide de lanières de peau. Par après, on raconte qu’un prêtre Valentinus, mariait en cachette les amoureux, désobéissant à l’empereur Claudius II qui préférait utiliser la jeunesse à des fins militaires. Il méritait bien qu’on lui dédie un jour de l’année, et entre nous, ces découvertes m’ont bien aidée à relativiser l’horreur des vitrines tout en guimauve et des injonctions implicites à être quelqu’un de bien en m’accouplant.
Bon, ma grosse – me direz-vous – il ne serait pas temps que tu nous parles d’illustration ? On ne s’est pas abonné à ta newsletter pour que tu nous endormes avec des histoires à l’eau de rose ou des chroniques rageuses à l’encontre d’une fête qui fait partie de notre patrimoine historique et à laquelle on ne peut de toute façon pas échapper.
Déjà, merci de changer de ton, et ensuite, non, je n’ai pas l’intention de parler « illustration », mais plutôt de création au sens large. Ma vie a vraiment gagné en qualité depuis que j’ai décidé que toutes les occasions, même les plus odieuses, seraient des opportunités d’être créative et d’en faire quelque chose qui me mette en joie… . Et je tenais à partager cela avec vous.
Une fête de Nouvel An gargantuesque ou un Halloween à mater des films d’horreur ?
Pas pour moi, par contre j’ai adoré ce Nouvel An en amoureux et la balade de minuit qui nous a valu de saluer de nombreux voisins inconnus accoudés à leur fenêtre pour lancer de bons vœux à qui voulait le recevoir (ou non). Et vu que je prends un malin plaisir à expérimenter (et rater) de nouvelles recettes, le weekend d’Halloween, j’ai tenté la réalisation d’un carotte-cake qui m’a procuré plus de plaisir à la confection qu’au spectacle de la dégustation polie offert par mes voisins.
Et la Saint-Valentin, alors ?
Vous adorez ça ? Lâchez-vous, mais surtout, faites en sorte que ce jour soit à votre image. Amusez-vous, n’ayez pas peur de faire du hors-cadre (ou du hors-piste, c'est la saison du ski) et n’oubliez pas l’essence de cette fête : l’amour. Pas besoin d’investir dans des cailloux ou des rochers en chocolat. Un petit geste, un mot ou juste votre présence sera le plus beau des cadeaux. Inspirez-vous, pour une fois, des USA, où la Saint-Valentin est un prétexte à dire à tous ceux qu’on aime combien ils sont importants dans notre vie : nos enfants, nos (grands) parents, nos amis… Envoyez-leur une petite carte ou juste un petit mot pour leur rappeler à quel point ils comptent. Semer des petites graines d’amour, ça peut se faire tous les jours, mais le 14 février, c’est une occasion en or pour le faire incognito, on ne pourra que vous pardonner d’être un peu fleur bleue.
La St-Val, c’est votre pire cauchemar ? Profitez-en ! Barricadez-vous, offrez-vous un moment rien que pour vous, sortez vos pires blagues cyniques sur les couples chimériques, écrivez-les partagez-les, promis, vous aurez du public. Et si vous êtes bien trop tristes d’être célibataires, rappelez-vous tous les inconvénients du couple : la lunette des toilettes toujours relevée, les désaccords quotidiens, les litres d'eau à mettre dans son vin (quel gâchis), la liberté individuelle qui, avec votre consentement, se trouve tout de même un peu… altérée, etc.
Si toutes ces fêtes sont des opportunités commerciales hors pair, si elles peuvent lasser à force de revenir chaque année, elles ont au moins le mérite de rythmer les saisons et de nous rappeler de marquer des pauses dans la course folle du quotidien pour se consacrer à quelqu’un ou quelque chose qui compte vraiment.
Saint-Valentin, fête de l’amour, et si nous prenions ce jour pour remettre au cœur de notre vie ce(ux) que nous aimons.
Finalement, je parlerai tout de même d’illustration.
Car si je compte bien, en ce 14 février témoigner de mon affection à ceux qui m’entourent, je vais également renouveler ma déclaration d’amour et d’engagement aux actions qui me mettent en joie : créer, dessiner, chanter avec mes copines, rater des pâtisseries ou écouter des blagues pourries. Bref, tout ce qui vient assaisonner ma vie, tout ce qui la rend plus douce, plus savoureuse, plus… joyeuse.
Je vous souhaite qu’en ce jour le plus ringard de l’année, vous puissiez, vous aussi faire des déclarations d’amour, même les plus improbables.
Joyeusement vôtre,
Hélène
* Merci à Jacques de Wavreille pour ses précieuses corrections
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